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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Tous droits réservés

Sortie de bain

1868
Huile sur toile
41 x 30 cm - 16 1/8 x 11 13/16 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 29-03-2022
Référence : MSb-40

Historique

Famille de l’artiste - André Bazille, neveu de l’artiste - Collection particulière.

Expositions

A notre connaissance, cette oeuvre n'a jamais été exposée

Bibliographie

Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 49, p. 127 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 54, pp. 177-178  - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 40, repr. p. 171 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 40.

C’est en 1952 dans le livre de Daulte, que la Sortie de bain apparaît pour la première fois; il la date sans certitude de 1870. On peut se demander si la Sortie de bain n’aurait pas cependant été faite plus tôt. Deux constatations nous conduiraient en effet à en avancer la date d’exécution. Si Daulte a proposé la date de 1870, c’est parce qu’elle rappelle La Toilette. Mais, même si les deux tableaux ont ce sujet en commun, ils nous paraissent néanmoins profondément différents. La Sortie de bain n’a pas l’épanouissement de La Toilette, elle n’en a ni le graphisme ni les tonalités.

Dans la Sortie de bain, une jeune femme nue vient de faire sa toilette. Elle est sortie de sa baignoire et s’est assise dans un fauteuil. Une servante, derrière elle, lui tend un grand peignoir de bain. La jeune femme croise ses jambes. Au premier plan, à gauche du grand fauteuil de velours vert, un petit repose-pieds est recouvert du même velours. A l’arrière-plan, on discerne deux rideaux croisés qui cachent à demi la baignoire. La jeune fille qui sort du bain a les yeux mi-clos comme la Jeune Femme aux yeux baissés, La Tireuse de cartes et La Mauresque.

On retrouve ici certaines imper­fections graphiques courantes chez Bazille comme la forme du pied droit qui repose à terre; plus maladroit encore est le contour des hanches de la jeune femme assise. Le reste de son corps est cependant bien fait, notamment le buste et le charmant visage. La servante est mieux peinte que la jeune fille, ce qui en accroît l’importance. Elle est belle avec son petit bonnet blanc, son nez fin et ses lèvres sensuelles.

La tonalité générale du tableau, assez sombre, met en relief le corps nu de la jeune fille et le visage de la servante. Pour accentuer ce contraste, Bazille lui aurait rougi les pommettes, taches de couleur qui rappellent la boucle d’oreille - rouge - de la femme nue. Le peignoir vert pâle s’harmonise parfaitement avec les couleurs verdâtres des rideaux de la baignoire. Bazille n’a pas négligé l’effet de profondeur grâce à un sol clair qui, à droite, conduit comme par un petit passage à la baignoire au second plan. Techniquement, la touche est sobre et discrète.

La trame de la toile est rendue perceptible par la transparence et la légèreté du sujet.

On note certaines similitudes entre la Sortie de bain et la Femme nue de dos, notamment dans le rendu et la transparence des corps. Le traitement des extérieurs de la Femme nue de dos est cependant beaucoup plus énergique et intéressant. Probablement réalisée en atelier, la Sortie de bain n’a finalement qu’un lointain rapport avec La Toilette qui, elle, est une œuvre majeure de Bazille. Nous la croyons bien antérieure à 1870. Faute de pouvoir lui assigner une date précise, nous l’avons datée de 1868. 

Certains ont émis des réserves sur l'attribution de cette œuvre à Frédéric Bazille. Notre connaissance du peintre a évolué depuis la publication de notre catalogue raisonné en 1995 et cette paternité nous paraît aujourd'hui incertaine. Faute d'avoir vu l'œuvre directement et donc d'avoir pu procéder à un examen technique et personnel approfondi, il nous parait fondé, en attendant, d'en réenvisager l'attribution.