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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© The Art Institute of Chicago, Chicago

Paysage à Chailly

1865
Huile sur toile
81 x 100,3 cm - 31 7/8 x 39 1/2 in.
Signé et daté en bas à gauche : F. Bazille, 1865
Chicago, The Art Institute of Chicago, Etats-Unis - Inv. 1973.64
Dernière mise à jour : 22-12-2023
Référence : MSb-14

Historique

Famille de l’artiste - Marc Bazille, frère de l’artiste - Mme Meynier de Salinelles, fille de Marc Bazille - Marc Meynier de Salinelles - Vente Paris, Palais Galliéra, 17 mars 1971, n° A - Sam Salz, New York - The Art Institute of Chicago (The Charles H. and Mary F. S. Worcester Collection, 1973).

Expositions

Paris, Grand Palais, 1910, Salon d'automne, n° 4 [Confondu avec Lisière de forêt à Fontainebleau] - Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 5 - Paris, galerie des Beaux-Arts, 1937, Naissance de l’impressionnisme, n° 56 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 14 - Londres, Royal Academy, 1949-1950, Landscape in French Art, n° 224 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 18 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 14, repr. p. 50 - Albi, musée Toulouse-Lautrec, 1980, Trésors impressionnistes du musée de Chicago, n° 16 - Paris, Los Angeles, Chicago, 1984-1985, L’impressionnisme et le paysage français, n° 7, repr. coul. p. 56 - Edimbourg, National Gallery of Scotland, 1986, Lighting up the Landscape. French Impressionism and its Origins, n° 61 - Pitman, Catalogue exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 11, repr. p. 92 - Paris, Grand Palais, 1994, Impressionnisme. Les Origines 1859-1874, n° 3,  p. 330, repr. pl. 97 [Les références sont du catalogue en français] - New York, Metropolitan Museum of Art, 1994-1995 [La même exposition] - Atlanta, High Museum, 1999, n° 12, repr. p. 44 - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 7, repr. p. 24 - Hilaire, Jones, Perrin, Catalogue exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 24, repr. p. 229 et p. 59 [Les références sont du catalogue en français].

Bibliographie

Charensol, L'Amour de l'Art, janvier 1927, p. 26 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 10, pp. 53, 56, 212-213 - Guérif, A la recherche d'une esthétique protestante, 1943, p. 30 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 13, pp. 27-28  [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Kunstler, L'Opéra, 28 juin 1950 - Daulte, Frédéric Bazille et son temps, 1952, n° 12 , pp. 110, 171 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Rewald, Histoire de l'Impressionnisme, 1973, pp. 98, 138 (repr.) [Réédition de 1946] - Gazette des Beaux-Arts, fév. 1974, p. 139 (repr.) - Marandel, Catalogue exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 14, repr. p. 50 - Brettell, French Salon Artists, 1987, p. 78, repr. p. 80 - Daulte, Frédéric BazilleCatalogue raisonné de l'oeuvre peint, 1992, n° 12, p. 39 (repr. coul.), pp. 104, 158 [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Jourdan, Vuatone, Catalogue exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 11, repr. p. 92 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 78 (repr.) - Adams, L'Ecole de Barbizon : aux sources de l'Impressionnisme, 1994, p. 203, pl. 150 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 14, repr. p. 122 - Pitman,  Bazille : Purity, Pose and Painting in the 1860s, 1998, pp. 128-129 - Champa, Pitman, Catalogue exp. High Museum, Atlanta, 1999, n° 12, repr. p. 44 - Hilaire, Jones, Perrin, Catalogue exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 24, repr. p. 229 et p. 59 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 14.

Clairière du Mont-Aigu en forêt de Fontainebleau. Ces clairières ont très souvent été peintes, notamment par Théodore Rousseau et Narcisse Diaz
Clairière du Mont-Aigu en forêt de Fontainebleau. Ces clairières ont très souvent été peintes, notamment par Théodore Rousseau et Narcisse Diaz
Bazille a posé son chevalet dans cette clairière de la forêt de Fontainebleau pour peindre sur le motif un paysage typiquement bellifontain. Le ciel limpide lui donne un aspect totalement différent de celui de la Forêt de Fontainebleau.

Au premier plan, les rochers gréseux se distinguent par leurs formes et leurs couleurs. Bazille n’a pas cherché à les dessiner minutieusement; c’est à leurs masses qu’il s’est intéressé, les restituant grâce à des coups de pinceau énergiques et des taches blanches ou d’un gris bleuâtre qui en rendent bien les tonalités. Au second plan, une clairière parsemée de petits arbustes chétifs et de bruyères. Enfin, au fond, la forêt, des arbres épais dont certains absorbent la lumière tandis que d’autres réfléchissent les rayons du soleil. Tout ce paysage est éclairé et dominé par un ciel bleu azur dans lequel se découpent nettement quelques gros nuages blancs et gris.

Nos observations concernant les dates de la Forêt de Fontainebleau sont valables aussi pour le Paysage à Chailly. L’un et l’autre ont été peints à la même époque. Mais que de différences entre les deux tableaux ! Autant le premier est maussade et monochrome, autant le second est brillant et chaleureux, ce qui fera dire à Kermit Champa que Bazille « regarde dans différentes directions en même temps sans prendre le temps d’en approfondir aucune » [Champa, 1973, p. 81].

A la tradition classique, il doit l’ordonnancement du sujet; ici une simple clairière, mais il utilise la lumière qui met en valeur les espaces essentiels du paysage. Il se rapproche par là de La Promenade de Monet (1865-1867) [The National Museum of Western Art, collection Matsukata, Tokyo]. Certes, l’attitude de Bazille est instable mais cela ne signifie pas qu’il ne s’implique pas totalement dans chacun des tableaux qu’il exécute.

Proche de Monet par le jeu de la lumière, il l’est aussi de Sisley par la liberté de la touche, sensible notamment chez ce dernier dans Le Chataîgner à la Celle-Saint-Cloud peint en 1865 [Ordrupgaard, Copenhague]. Chez l’autre, les premiers plans sont exprimés par une touche vigoureuse. Bazille a eu, lui aussi, le souci de souligner le contour des rochers avec une palette bleutée. Sisley séjourna à Marlotte entre 1864 et 1866; on peut penser qu’il y retrouva Bazille.

On ne peut cependant éviter de mentionner la très probable influence de Théodore Rousseau qu'admirait Bazille, dont La Mare qu'il vit certainement puisqu'elle faisait partie de la collection Bruyas. Celle de Corot ne nous échappera pas non plus et c'est à travers la clarté ainsi que la « structure presque schématique » [Jones, p. 58] que nous retrouvons l'influence de l'un sur l'autre.

Enfin, on retiendra la remarque de Jones quand elle parle de l'influence des photographes sur Bazille et, dirions-nous, sur les paysagistes de l'époque en général. On sait qu'ils firent de la forêt de Fontainebleau une terre de prédilection, renouvelant ainsi leur perception et leur regard sur la nature.