drapeau français english flag
logo catalogue Bazille
Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Tous droits réservés

Portrait de Sisley

1867
Huile sur bois
27,9 x 31 cm - 11 x 12 3/16 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 03-04-2022
Référence : MSb-29

Historique

M. Dunan - Wildenstein, Paris - Disparu en 1940.

Expositions

A notre connaissance, cette oeuvre n'a jamais été exposée

Bibliographie

Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 27, pp. 69, 101, 104, 216 - Schmidt, Le Semeur,  juin 1935 - Romane-Musculus, Prière des mains, 1938, p. 177 - Venturi, Les Archives de l'Impressionnisme, 1939, t. I - Scheyer, Art Quarterly, printemps 1942 - Rewald, Histoire de l'Impressionnisme, 1946, p. 140, repr. p. 158 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédric Bazille, 1948, n° 55, p. 119 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 33, pp. 131, 143, 146 et p. 179 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Courthion, Autour de l'Impressionnisme, 1964, repr. p. 28 - Blunden, Journal de l'impressionnisme, 1970, repr. p. 43 -  Bonafoux, Impressionnistes. Portraits et Confidences, 1986, p. 56 (repr.) - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 36, pp. 168-169  (repr.) et pp. 127, 137, 141 [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Michel, Bazille, 1992, p. 70 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 90 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 29, repr. p. 148 en noir et blanc - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 29.

Aucun des commentateurs semblent avoir connu le tableau autrement que par cette photo en noir et blanc. Il nous semble donc devoir relativiser leurs propos et leurs commentaires.

Ce Portrait de Sisley est-il celui dont parle Bazille à plusieurs reprises quand il dit : « Je fais le portrait d’un de mes amis. » ? Bazille ne parle pratiquement jamais de Sisley dans sa correspondance, alors qu’il l’avait connu à l’atelier Gleyre en même temps que Monet et Renoir. D’où le doute de Poulain sur la question. Il faut cependant dater ce tableau, comme le fait ce dernier, du deuxième semestre de 1867. « Cette toile est indéniablement parente de la série parisienne des œuvres du peintre », dit-il [Poulain, 1932, p. 104]. De fait, on peut très exactement la rapprocher de Frédéric Bazille au faux col par sa technique et ses contrastes.

Le Portrait de Sisley qui, d’après Romane-Musculus, fut aussi appelé Homme à la pipe, présente Sisley vu de face, le regard tourné vers nous, tenant de sa main droite une pipe dont il tire de longues bouffées. Sisley est allongé, la tête reposant sur une sorte de coussin. Il a les yeux réfléchis et songeurs, son visage est en partie caché par une imposante moustache et de longs favoris.

Portrait d'Alfred Sisley, Auguste Renoir, 1868, Emil G. Bührle, Zurich
Portrait d'Alfred Sisley, Auguste Renoir, 1868, Emil G. Bührle, Zurich
Ce portrait présumé de Sisley contraste, comme celui de Renoir, avec certains autres peints par Bazille, portraits plus formels. Sisley adopte ici une pose originale comme Renoir. En revanche, il fait penser au portrait que fit Manet de Stéphane Mallarmé en 1876 : l’écrivain y est représenté assis sur un sofa, adoptant une pose familière, la main gauche dans une poche, celle de droite tenant un cigare et feuilletant la page d’un livre. Dans le Portrait de Zacharie Astruc de Bazille, le personnage rappelle, lui aussi, cette sorte de désinvolture mais Astruc, tenant un cigare de la main gauche, ne donne pas l’impression de familiarité qui se dégage du Portrait de Sisley. De toute évidence, Astruc pose pour Bazille, ce qui ne semble pas être le cas de Sisley.

Ce portrait est intéressant par le jeu des contrastes et de la lumière. Comme le dit Poulain, on remarque la couleur « violemment blanche de la pipe » qui rappelle la « pâleur du visage mis en relief par les masses sombres qui l’entourent et la concentrent » [Poulain, 1932, p. 104]. En réalité, Bazille joue ici avec les masses de lumière de la même façon qu’il le fera dans Frédéric Bazille au faux col. La facture sommaire du tableau lui donne néanmoins un aspect plus familier. Il est vrai que Bazille l’a cadré sur le visage de Sisley, cadrage resserré qui ne laisse pas de place à ce qui entoure le personnage.

Ernest Scheyer, reprenant sans doute une fausse information de Lionello Venturi, dit que ce tableau fut exécuté à Honfleur en 1867 [Scheyer, Art Quarterly, printemps 1942]. Or Bazille ne fit, à notre connaissance, qu’un seul séjour dans cette région ... en 1864.