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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Minneapolis Institute of Art, Minneapolis

Frédéric Bazille au faux col

1867-1868
Huile sur toile [Rentoilé en 1947]
54 x 46 cm - 21 1/4 x 18 1/8 in.
Minneapolis, Minneapolis Institute of Art, Etats-Unis - Inv. 62.39
Dernière mise à jour : 29-03-2022
Référence : MSb-39

Historique

Famille de l’artiste - Marc Bazille, neveu de l’artiste - Son fils, Frédéric Bazille - Sa fille, Mme William Hérisson, née Catherine Bazille - Knoedler & Co., New York - The Minneapolis Institute of Art (The John R. Van Derlip Fund, 1962).

Expositions

Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 25 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 14 - New York, Finch College Museum of Art, 1962, Nineteenth and Twentieth Century French Masters, n° 2 (repr.) - New York, Wildenstein Gallery, 1972, Faces from the World of Impressionism,  n° 1 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 29, repr. p. 73 - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 46 - Atlanta, High Museum, 1999, n° 18, repr. p. 84 - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 15, repr. p. 65 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 18,  repr. p. 227 et p. 50 [Les références sont du catalogue en français]. 

Bibliographie

Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 50, p. 112 - Daulte, Arts, 9 juin 1950 - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 34 (repr.), pp. 145-146, 180 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Bazin, Chronique des Arts, février 1963, n° 156 (repr.) - Weinhardt, Minneapolis Institute of Art Bulletin, 1962-1963,  Report, t. 52, p. 5 (repr.) - Maxon, The Art Institute of Chicago Quarterly, 1963, vol. 57, n° 2, p. 24 (repr.) - Art Quarterly, printemps 1963, p. 94 (repr.) - Gazette des Beaux-Arts, fév. 1963, n° 156, p. 40 - The Connoisseur Year Book, Londres, 1964, p. 102 - Guide of the Minneapolis Institute of Arts, 1970, n° 9 - European Paintings from the Minneapolis Institute of Arts, 1971, p. 194 - « Chronique des Arts », Gazette des Beaux Art, février 1983 (?), n° 156, repr. p. 40 - Marandel, Catalogue exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 29, repr. p. 72 - Gerstein, Impressionism. Selections from American Museums, 1989, p. 24 (repr.) - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné des peintures, 1992, n° 37, pp. 138, 141, 169 - Pitman, Catalogue exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 46, p. 141 - Bajou,  Frédéric Bazille, 1993, p. 73 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 39, repr. p. 169 - Champa, Pitman, Catalogue exp. Atlanta, High Museum, 1999, n° 18, repr. p. 84 -Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 18, repr. p. 227 et p. 50 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 39.

Etonnant portrait que ce Frédéric Bazille au faux col où il s’est représenté en buste, le visage tourné de trois quarts, les yeux en coin et la barbe florissante.

C’est probablement pendant l’hiver de 1867-1868 que Bazille exécuta cet autoportrait, sans doute faute d’un modèle qu’il ne pouvait se payer. « Ne me condamnez pas à la nature morte perpétuelle », disait-il à ses parents en leur demandant à nouveau de l’argent.

Frédéric Bazille au faux col est de la même veine que le Portrait de Sisley. Ce tableau est dans le prolongement du réalisme des années 1850-1860. Le format, le thème et la pose se retrouvent dans de nombreux portraits exécutés par Bonnat, Bonvin, Courbet, Fantin-Latour, Vollon et bien d’autres.

Bazille travaille d’abord le rapport de la lumière et des ombres. Les tons clairs se concentrent sur l’oreille et le col de la chemise en d’épaisses touches saccadées. Les ombres sont plus fines, comme sur la veste, et même transparentes, comme celles du fond. Il n’y a pas de dégradé ni de transition entre les deux, ce qui rend la technique plus vigoureuse et renforce les contours parfois anguleux. « Il construit des volumes généraux sur les bases d’une géométrie extrêmement sévère », explique Gaston Poulain [Poulain, 1932, p. 90], ce qui pousse Dorival à parler de la « rigueur cassante » du style et « d’un caractère tendu qui annonce Vallotton et certains cubistes » [Dorival, La peinture française, Larousse, 1942 , p. 88]. Leurs « lignes géométriques », on les trouve déjà, toutes proportions gardées, dans le graphisme de cet autoportrait mais il y a loin de là au cubisme annoncé par Dorival. En fait, ce tableau concentre à la fois les hésitations et la certitude du peintre. Les hésitations, parce qu’il reste ici très classique par le thème choisi. Quant à la certitude, elle s’exprime par l’idée qu’il partage avec ses contemporains et selon laquelle la touche énergique et brusque est signe de sincérité artistique.

Bazille subit d’ailleurs ici des influences multiples : celles, réalistes, de Courbet, Bonnat, Bonvin et Vollon et celles, nouvelles, de Monet et de Manet à la recherche d’un modernisme naissant. De cet autoportrait émane une intense présence psychologique, notamment grâce à la profondeur du regard. Comme dans Frédéric Bazille à la palette, le peintre regarde de côté, attitude qu’il reprendra d’ailleurs dans ses portraits de Renoir, de Blau et de Sisley mais aussi dans la Vue de village et dans Frédéric Bazille en chemise. On ne retrouve pas le regard direct du Portrait de Sisley et dans le Portrait d'Edmond Maître. Mais l’expression n’en est pas moins incisive et persuasive.

Frédéric Bazille au faux col a aussi été intitulé Portrait d’homme dans le catalogue de l’exposition de Montpellier de 1992. L’auteur de la notice n’y reconnaît pas les traits de Bazille. Tel n’est pas notre avis car Bazille est loin d’être physiquement le même dans tous ses autoportraits et, pour ce qui est de la technique saccadée, on la retrouve dans Frédéric Bazille à Saint-Sauveur et dans Frédéric Bazille en chemise.

« Bazille [...] témoigne d'une certaine fascination pour sa propre image [...] Il observe avec attention les marques du temps sur son jeune visage », écrit Perrin [p. 227]. En effet, il y a une notable différence avec Frédéric Bazille à la palette de 1865. Ce qui pousse Pitman à ne pas y reconnaître Bazille avec certitude [Pitman, Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 46, p. 141 ].