drapeau français english flag
logo catalogue Bazille
Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Tous droits réservés

Académie de femme

1863
Dessin au crayon noir, fusain et estompe sur papier vergé filigrané
62 x 48 cm - 24 7/16 x 18 7/8 in.
Annotation : Daté en haut à droite : 28 février 1863
Collection particulière
Dernière mise à jour : 17-03-2022
Référence : MSb-94

Historique

Famille de l'artiste, Montpellier - Collection particulière.

Expositions

Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 1 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 3, repr. p. 35 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 3, repr. p. 218 et fig. 61, repr. p. 113  [Les références sont du catalogue en français].

Bibliographie

Sarraute, 1948, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, appendice n° 5 - Daulte, Frédéric Bazille et son temps, 1952, n° 5, p. 193  [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Marandel, Catalogue exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 3, repr. p. 34 - Michel, Bazille, 1992, p. 77 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, pp. 28-29 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 5, repr. p. 237 - Hilaire, Jones, Perrin, Catalogue exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 3, repr. p. 218 et fig. 61, repr. p. 113 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 94.

Cette Académie de femme est l’une des premières œuvres abouties de Bazille que nous connaissions. « J’ai commencé une académie dessinée, et j’ai vu avec plaisir qu’il y avait beaucoup d’élèves de ma force, ou plutôt de ma faiblesse », écrit-il à sa mère dans une lettre en date du 10 novembre 1862. Jugement lucide car cette académie, pour intéressante qu'elle soit, n’en révèle pas moins les faiblesses d’un débutant. Elle est néanmoins intéressante car elle montre le niveau de Bazille à l’aube de sa vie artistique. La position de cette femme était difficile à rendre. Le corps n’est pas entièrement de profil, le visage est légèrement tourné. C’est un peu l’inverse de l’Académie d'homme qu’il entreprendra quelques jours plus tard. Par un trait de crayon appuyé qui cerne les contours, Bazille insiste sur la forme de ce corps qui nous donne en dépit du sexe une certaine impression de virilité. D’où une ambiguïté puisque cela contraste avec un visage plein de douceur féminine. Maladresse du débutant ? Sans doute, si l’on retient d’autres erreurs comme celle du pied droit auquel les orteils paraissent gauchement rapportés, ou celle du cou dont l’articulation s’intègre artificiellement au reste. Pourquoi le support du pied droit, servant à la pose, n’a-t-il pas été effacé ? Pourquoi les mains n’ont-elles pas été terminées alors que Bazille voulait, sans aucun doute, faire une œuvre achevée ? La réponse à ces questions n’est pas évidente mais on peut penser que Bazille éprouvait parfois des difficultés à dessiner les figures. C’est en tous les cas vrai pour les mains comme on peut le constater dans la Scène d'été et le Jeune Homme nu couché sur l'herbe.

On mesure cependant le chemin parcouru depuis les premiers dessins d’après moulages que nous connaissons de lui. En novembre 1863, le peintre écrit à son père : « La semaine dernière, Gleyre m’a fait des compliments tout haut à l’atelier, ce qui lui arrive rarement. J’avais eu l’idée de dessiner le modèle grandeur naturelle sur un immense papier, et je l’avais assez réussi ». Ce qui prouve que les élèves de l’atelier Gleyre avaient une certaine latitude dans l’interprétation des sujets.

L’enseignement des ateliers avait plusieurs avantages. Les jeunes étudiants apprenaient d’abord à dessiner, d’après des modèles antiques, des objets immobiles et « sans âme », ensuite des modèles vivants que les élèves désargentés étaient, pour la plupart, incapables de se payer. Venait alors une seconde étape, avec l’apprentissage des lignes mais aussi du dessin des vraies chairs, l’application des modelés qui donnent vie au sujet : cette Académie de femme montre incontestablement que Bazille l’avait atteinte.