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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Tous droits réservés

Ferme de Saint-Sauveur

1863
Huile sur toile
75 x 120 cm - 29 1/2 x 47 1/4 in.
Signé en bas à droite : F. Bazille 18
Collection particulière
Dernière mise à jour : 22-12-2023
Référence : MSb-3

Historique

Marc Bazille, frère de l’artiste - André Bazille, neveu de l’artiste - Mme Rachou-Bazille, Montpellier - Collection particulière.

Expositions

Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 20 - Paris, Association des étudiants protestants, 1935, n° 9 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 17 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 5  - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 1 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 5, repr. p. 38  - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 2, repr. p. 49 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 27, repr. p. 231 [Les références sont du catalogue en français].

Bibliographie

Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 15, pp. 61, 88, 213 - Laprade, Beaux-Arts, mars 1935, n° 117, p. 8 - Schmidt, Cat. exp. Association des étudiants protestants, juin 1935, p. 497 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 2, pp. 3, 100 [Thèse du musée du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 2, p. 167 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 5, repr. p. 38 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 2, p. 24, (repr. coul.) et pp. 153-154 (repr.) [Réédition de la thèse de 1952 avec photos en couleur] - Michel, Bazille, 1992, p. 96 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 54 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 3, repr. p. 106 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 27, repr. p. 231 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 3.

On voit l’idée de présenter des tableaux au Salon de 1866 germer dans l’esprit de Bazille quand il annonce à sa mère en novembre 1865 qu’il prépare « un sujet fort simple », en l’occurrence « une jeune fille qui joue du piano et un jeune homme qui l’écoute ». Il s’agit de la Jeune Fille au piano dont nous avons retrouvé la trace sous Ruth et Booz du musée Fabre de Montpellier grâce aux rayons X, ceci à l'occasion de l'exposition de 2016-2017. L’autre tableau que Bazille se propose de présenter est un tableau de Saint-Sauveur que « je ferai en même temps », dit-il. Or la Ferme de Saint-Sauveur est déjà peinte puisqu’il demande à son frère Marc, fin décembre 1865, pourquoi on ne la lui a pas encore envoyée. Ce qui veut dire qu’il l’avait laissée à Montpellier. Cette hypothèse est confirmée par une lettre de Mme Gaston Bazille à son fils, lettre de janvier 1866 dans laquelle la mère de l’artiste s’étonne qu’il n’ait pas encore reçu l’étude qu'elle lui a expédiée depuis longtemps. Bazille la reçoit enfin. Affairé et pressé par le temps, il n’enverra pas au Salon le tableau achevé qu’il comptait en faire. « Il est probable que je n’aurai pas le temps de le faire, mon autre toile étant fort grande », écrit-il le 19 février 1866. Finalement, il enverra au Salon de 1866 la Jeune Fille au piano et la Nature morte aux poissons [Detroit Institute of Arts], tableau qui sera seul accepté par le jury.

Se pose la question de la date d’exécution de la Ferme de Saint-Sauveur. Toujours dans la même lettre de décembre 1865, Bazille écrit encore à son frère Marc à propos de ce tableau ébauché : « Il ne faut pas que vous tardiez à me l’envoyer. J’espère que vous n’allez pas le garder comme les autres années ». Ce qui signifie clairement que la Ferme de Saint-Sauveur est très nettement antérieure à 1865 et l’on peut considérer que le tableau date de 1863 puisque Bazille n’avait jamais peint auparavant. Saint-Sauveur n’était donc pas prêt à être exposé. A l’évidence, il y avait longtemps que Bazille n’en était pas satisfait puisqu’il avait pris le soin de ne pas compléter la date. Selon Pitman, le tableau aurait été exécuté en 1865 [Pitman, 1989, p. 82], une hypothèse que fait sienne Jones dans le catalogue de l'exposition de 2016-2017 [P. 231] qui modifie finalement pour elle la date historique de l'œuvre pour la donner à 1865.

C’est la ferme familiale située à Lattes près de Montpellier qu’il représente ici avec ses bâtiments et quelques instruments aratoires. Au milieu de la prairie, une petite fille assise; un grand personnage barbu est peut-être Bazille lui-même.

La technique générale correspond bien à ce que faisait le peintre à cette époque. La Cour de l'Auberge du Cheval blanc à Chailly près de Barbizon de 1864 est le tableau le plus directement comparable à celui-ci, avec un traitement encore sommaire.

La prairie, au premier plan, est monochrome, les verts étant seulement mis en relief par quelques touches foncées à la hauteur de la petite fille. Hormis le ciel, dont le bleu est tempéré par quelques nuages blancs, la tonalité du tableau tourne autour des ocres et des bruns, ce qui ne donne guère l’impression d’un paysage languedocien.

Poulain a dit que Bazille cherchait déjà à travers Saint-Sauveur « la méthode du paysage au soleil » [Poulain, 1932, p. 88], ce qui nous semble être une affirmation un peu ambitieuse car la lumière solaire n’y joue pas un rôle prépondérant, ce qui est le moins que l'on puisse dire. En revanche, il a vu juste en affirmant que cette toile est « d’une technique excessivement honnête et scrupuleuse, d’un sentiment presque naïf » [Poulain, 1932, p. 88].