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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Tous droits réservés

Cour de l'Auberge du Cheval blanc à Chailly près de Barbizon

1864
Huile sur toile
36 x 26 cm - 14 3/16 x 10 1/4 in.
Signé en bas à droite : F. B.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 03-04-2022
Référence : MSb-7

Historique

Famille de l’artiste - Frédéric Bazille, neveu de l’artiste - Collection particulière.

Expositions

Paris, Grand Palais, Salon d'automne, 1910, Rétrospective Bazille, n° 1 - Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 34 - Paris, Association des étudiants protestants, 1935, n° 14 (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 11 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 10 - Montpellier, musée Fabre, 1958, n° 2 (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 4 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 12, repr. p. 47 - Paris, musée Marmottan Monet, 2003, n° 2 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 6, repr. p. 220 [Les références sont du catalogue en français].

Bibliographie

Poulain, Formes, novembre 1931, n° 19 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 5, pp. 42, 52-53, 212 - Laprade, Beaux-Arts, mars 1935, n° 117 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 5, p. 8  [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 6, pp. 42, 110-111, 169 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Allier, Lettres françaises, octobre 1959 - Lapeyre, Plaisir de France, janvier 1970 - Rewald, Histoire de l'impressionnisme, 1973, repr. p. 111 [Réédition de 1946] - Champa, Studies in Early Impressionism, 1973, fig. 114, p. 85 - Marandel, Cat. exp. The Art Intitute of Chicago, 1978, n° 12, repr. p. 46 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 6, pp. 30, 104-105, 155 (repr.) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 7, repr. p. 112 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné - Supplément 1, 2006, p. 6, repr. p. 7 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 6, repr. p. 220 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 7.

Nous sommes au printemps de 1864. Bazille a accepté la proposition de Monet de séjourner à Honfleur. Il tombe sous le charme du paysage et travaille intensément, découvrant avec joie la campagne normande, l’estuaire de la Seine et les bords de mer, si différents du Midi. Mais parmi les œuvres qu’il a peintes alors, seuls les Couvercles de bouillon et les Deux Harengs nous sont pour l'instant parvenus.

La Cour de l'Auberge du Cheval blanc à Chailly avait d’abord été localisée à Saint-Sauveur, donc à Honfleur, mais Gaston Poulain rectifie justement cette erreur. Il n’y voit ni les maisons de la propriété familiale de Méric, ni leur architecture et encore moins la lumière d’un paysage du Midi. Les maisons, les murs de brique, le pavé, n’évoquent en rien le Languedoc. En revanche, dans ce tableau, « une harmonie très pâle, jaune et rouge », et une « exactitude des tons très fins rappellent Corot et Boudin » [Daulte, 1992, p. 104]. On notera que le sujet, sans véritable intérêt pictural, en acquiert un par la juxtaposition de la maison, du mur et des pavés et représente ainsi un aspect architectural inattendu chez Bazille. La ferme Saint-Siméon a aussi été faussement localisée par certains spécialistes. La Cour de l'Auberge du Cheval blanc à Chailly tient la même place parmi les œuvres de Bazille que La Macreuse parmi ses natures mortes : c’est un tableau simple dans la technique comme dans la forme. Bazille s’est essayé à une épreuve finalement plus complexe qu’il n’y paraît et a su donner vie à un sujet qui en était dénué. Aucun être ne vient en effet animer cette cour où le tonneau, en équilibre instable, est le seul témoignage d’une activité humaine. Daulte écrit que la Cour de l'Auberge du Cheval blanc est « une œuvre floue et terne » [Daulte, 1992, p. 104], jugement que nous trouvons un peu sévère. En fait, elle fait penser à un dessin dont les formes sont soulignées par souci de justesse et de vérité. C’est ainsi que les murs, les cheminées et les fenêtres sont rigoureusement tracés, avec une application qui nous porte à croire qu’il s’agit bien d’une étude.

La cour de l'auberge du Cheval blanc de nos jours
La cour de l'auberge du Cheval blanc de nos jours
En réalité, il ne s'agit ni de Normandie, ni du Midi mais de la cour de l'auberge du Cheval blanc à Chailly près de Barbizon où Bazille passa quelque temps avec Monet en 1863. Cette information que nous publions ici a été confirmée par l'actuel propriétaire de l'auberge, descendant des acquéreurs du milieu du XIXe siècle. Selon lui, c'était une habitation "bourgeoise" qui fut ultérieurement transformée en auberge où devaient séjourner Bazille et Monet.

On doit à un ancien et fidèle client de l'auberge du Cheval blanc, passionné par Bazille,  le rapprochement perspicace entre le tableau et la  cour de l'auberge dont la disposition et l'architecture ont peu changé depuis le XIXe siècle et sont quasiment restées en l'état.