1864
Huile sur toile
70,5 x 190,5 cm - 27 1/4 x 70 3/4 in.
Signé et daté en bas à droite : F. B. 64
Montpellier, Musée Fabre, France - Inv. 18.1.1
Dernière mise à jour : 22-12-2023
Référence : MSb-6
Historique
Marc Bazille, frère de l’artiste - Don de Marc Bazille au musée Fabre en 1918.
Expositions
Paris, Grand Palais, Salon d'automne, 1910, Rétropective Bazille, n° 3 - Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétropective Bazille, n° 2 - Paris, musée de l'Orangerie, 1939, n° 3 - Berne, Kunsthalle, 1939, n° 2 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 9 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 8 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 3 - Montpellier, musée Fabre, 1971-1972, Hommage à Frédéric Bazille (s.n.) - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 8, repr. p. 43 - Montpellier, musée Fabre, 1978, Le nu, n° 35, (n.p.) (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1985, n° 36 - Montpellier, musée Fabre, 1991-1992, fig. 13, p. 18 - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 4, repr. p. 81 - Montpellier, musée Fabre, 2001 (n.n.) - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 3, repr. p. 29 - Tokyo, Ibaraki, Yamanashi, Osaka, Nagasaki, 2005-2006, n° 71 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 10, repr. p. 222 et p. 26 [Les références sont du catalogue en français].
Bibliographie
Joubin, Catalogue des peintures et sculptures exposées dans les galeries du musée Fabre à Montpellier, 1926, n° 359, p. 114 - Poulain, La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, avril 1927, n° 4, p. 166 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 2, pp. 52, 211 - Gillet, Le Trésor des musées de province, 1935, p. 242 - Joubin, Beaux-Arts, 24 mars 1939, pp. 1-2 - Goulinat, Le dessin, mars 1939, p. 454 - Guérif, A la recherche d'une esthétique protestante, 1943, pp. 25-26 - Prinçay, Cahiers du sud, 1947, p. 869 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 3, p. 6 [Thèse du musée du Louvre non publiée] - Claparède, Réforme, juin 1950, p. 5 - Sarraute, Cat. exp. galerie Wildenstein, 1950, n° 8 - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 3, pp. 127, 168 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Claparède, 1965, Catalogue du musée Fabre, t. IV, p. 19 [Non publiée] - Gourg, Vision sur les Arts, 1970, n° 66 - Champa, Studies in Early Impressionism, 1973, fig. 113, p. 88 - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 9, repr. p. 43 - Dejan, Cat. exp. musée Fabre, 1978, Le nu, n° 35, (n.p.) (repr.) - Boime, The Academy and French Painting in the 19th Century, 1986, fig. 102, p. 117 et p. 120 - Le Pichon, L'érotisme des chers Maîtres, 1986, p. 156 - Jourdan, Cat. exp. Montpellier, 1991-1992, p. 18- Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 3, pp. 17, 121, 154 (repr.) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Michel, Bazille, 1992, p. 249 - Jourdan, Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 4, pp. 80-81 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 53 (repr.) - Bonafoux, 1994, Bazille : les plaisirs et les jours, p. 36 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 6, repr. p. 110 - Pitman, Bazille : Purity, Pose and Painting in the 1860s, p. 71 - Hilaire, Cat. exp. Tokyo, Ibaraki, Yamanashi, Osaka, Nagasaki, 2005-2006, n° 71 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, n° 10, repr. p. 222 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 6.
Par son sujet, son format et sa date d’exécution, le Nu couché tient une place importante dans l’œuvre de Bazille. Dans une lettre de juin 1864, il écrit : « Je travaille beaucoup à une étude de femme de grandeur naturelle, que je voudrais vous apporter si je ne la fais pas trop mal ». Il s’agit très probablement du Nu couché pour lequel nous ne connaissons qu’un dessin préparatoire, Etude de nu couché.
Parmi les sources d’inspiration de Bazille, on peut compter, comme le fait Marandel, le Jeune martyr de Guido Cagnacci [Musée Fabre, Montpellier], mais surtout le Nu allongé, étude pour La Danse des Bacchantes de Gleyre [Musée cantonal, Lausanne]. Bazille reprend la pose de celle-ci. La femme est allongée, le bras droit étendu le long du corps, le bras gauche en l’air. L’un des changements qu’il apporte est justement dans la position du bras gauche à propos duquel Claparède parle de « gaucherie » [Claparède, 24 juin 1950, p. 5]. L’autre différence concerne ce que nous pourrions appeler « la mise en scène » du tableau. Alors que la femme peinte par Gleyre est représentée complètement nue, celle de Bazille a pudiquement recouvert ses hanches d’une draperie brodée qui la rend, comme le dit Albert Boime, « moins voluptueuse » [Boime, 1974-1975]. D’autres objets accentuent cette différence, comme l’adjonction d’une draperie, d’un large coussin sous la tête de la femme et d’une pipe à ses pieds. Mais Bazille avait certainement vu les splendides et voluptueux nus de Delacroix et les nus plus érotiques de Courbet. C’est sans doute Poulain qui trouve les mots les plus justes pour définir cette œuvre quand il regrette « le ton froid, l’écriture méticuleuse... qui dénoncent le débutant » [Poulain, 1932, p. 52].
A travers son personnage, Bazille étudie l’anatomie qui est l’objet central de ses premiers dessins à l’atelier Gleyre, et il y réussit plutôt bien. Pour ce qui est de la couleur, Poulain parle à son propos d’un « vérisme qui l’empêche de se livrer à l’orgie de couleur si chère à Renoir et à Monet » [Poulain, 1932, p. 52]. Sa palette reste monochrome, sélectionnant principalement les bruns et les ocres, rarement rehaussés de rouge discret. A y regarder de près, l'Olympia de Manet et le Nu couché de Bazille s’apparentent par la couleur soyeuse de la draperie qui, dans un cas comme dans l’autre, met en valeur le personnage.
C'est la première fois que Bazille peint un tableau « de grandeur naturelle » [Lettre de juin 1864] et aussi la première fois qu'il présente son œuvre à ses parents. On comprend ici sa « manœuvre »; Bazille voulant les convaincre d'abandonner ses études de médecine pour se consacrer à la peinture. Cependant, on ne manquera pas d'être surpris par la demande de Bazille de poursuivre à Paris ses études médicales alors que la Faculté de Médecine de Montpellier était alors de réputation mondiale.
Ce tableau a porté plusieurs noms dont Etude de nu est le premier, donné par Joubin dans l'inventaire du musée Fabre en 1918. Comme le stipule le catalogue de l'exposition 2016-2017, « les auteurs suivants utiliseront tous l'appellation Nu couché :Poulain 1932, Sarraute 1948, Claparède 1950 » et donc nous actuellement.
Dans le catalogue de l'exposition de 2016-2017, Stanislas Colodiet propose une étude comparative plus poussée de cette œuvre. Il souligne avec pertinence que ce « Nu couché est la peinture d'un regard tout comme La Robe rose, autre figure féminine au visage fuyant que Bazille exécute à quelques mois d'intervalle ». Comment expliquer cette attirance énigmatique de Bazille pour son modèle ? Bazille ne répond-il pas à ce regard direct que pose le modèle de Manet dans l'Olympia qu'il vit probablement lors d'un dîner chez les Mamignard le 1er janvier 1864, se demande l'auteur. C'est sans doute toute la distance qui s'exprime ici entre Bazille et Manet, dont on trouvera probablement l'explication dans l'éducation de celui-ci.
Dans sa correspondance, Bazille jette un voile pudique sur ses relations amoureuses. Quand il parle de mariage, c'est pour tergiverser et y renoncer, marquant ainsi toute l'ambiguïté de ses relations avec les femmes.
On peut dire que dans ce tableau, Bazille ne s’est pas encore dégagé de l’enseignement de Gleyre et reste fidèle au néo-classicisme.
Oeuvres en rapport
Etude de nu couché - Fusain sur papier - 42 x 57 cm - Musée Fabre (MSb-99)
Le catalogue raisonné en ligne de l'oeuvre de Frédéric Bazille par Michel Schulman
11 bis rue Schoelcher 75014 Paris - France •
Contact e-mail Tous les contenus de ce site sont protégés par les dispositions légales et réglementaires sur les droits de la propriété intellectuelle Dépot légal BNF : 1er décembre 2022