Jeune Pêcheur à la ligne
1870
Huile sur toile
103 x 55 cm - 40 1/2 x 21 5/8 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 25-03-2022
Référence : MSb-64
1870
Huile sur toile
103 x 55 cm - 40 1/2 x 21 5/8 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 25-03-2022
Référence : MSb-64
Famille de l’artiste, Montpllier - André Bazille, neveu de l’artiste - Collection particulière.
Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Baziile, n° 33 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 39 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 65.
Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 44, pp. 181, 220 - Fiérens, Le Journal des Débats, 12 juillet 1932 - Guérif, A la recherche d'une esthétique protestante, 1943, p. 34 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 43, pp. 102-103 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps, 1952, pp. 117, 140-141, 152 et pp. 190-191, n° 58 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, pp. 114, 134, 146, repr. coul. p. 147 et pp. 181-182, n° 62 (repr.) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 64, repr. p. 219 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, fig. 96, repr. p. 156 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 64.
Ce Jeune Pêcheur à la ligne est une ébauche que fit Bazille lors de ses dernières vacances à Méric pendant l’été de 1870.
Un jeune garçon, à peine adolescent, tient de la main droite une ligne. Selon la tradition familiale, il s’agirait de Louis Auriol, fils du fermier exploitant le domaine de Saint-Sauveur à Lattès. Coiffé d’une sorte de bonnet, il est vêtu d’une large chemise blanche, serrée au cou et aux poignets, et d’un pantalon marron, ample et confortable. Il est représenté de profil, regardant sans doute le bas de sa ligne. Son bras gauche pend le long du corps.
Bazille n’a guère poussé le dessin vers sa perfection, pas plus d’ailleurs qu’il ne l’a fait pour le dessin préparatoire Etude pour le Pêcheur à la ligne. Dans ce dernier, le personnage est montré dans la même position, la main gauche cependant à la hauteur de la ceinture. On y voit aussi la ligne du pêcheur, ligne qui, contrairement à ce qu’on voit dans le tableau, apparaît ici entièrement.
Nous relevons dans le tableau plusieurs imperfections graphiques. La main gauche par exemple est simplement esquissée et, la droite difforme. La tête du garçon est aussi un peu grosse, disproportionnée par rapport à son corps d’adolescent, tout comme l’est la tête du Jeune Homme nu couché sur l'herbe. En fait, ce qui fait la qualité de ce tableau, c’est le jaillissement de la lumière : le blanc de la chemise qui ressort sur le fond du ciel azur et sur les verts et marron appliqués en touches vigoureuses et saccadées. « Enfin, il commence son ultime toile, qu’il revêt de multiples coups de pinceau, grâce auxquels le ciel poudroie, les feuillages rutilent, écrit Poulain. C’est par cet appel à l’impressionnisme que son œuvre s’achève » [Poulain, 1932, pp. 181-182]. Nous ne pouvons affirmer, comme lui, que le Jeune Pécheur à la ligne est la dernière œuvre de Bazille, mais il est vrai qu’elle ouvre la voie à l’impressionnisme. Ce qui fera dire encore à Poulain que « c’est lui qui, plus réaliste que Courbet, romantique terrien, plus humain que Manet, contempteur de sa propre doctrine, innove, tout en maintenant la mesure persistante de son style » [Poulain, 1932, pp. 181-182].
Bazille nous semble avoir utilisé une toile blanche. Il a commencé par donner quelques indications au crayon et a ensuite campé son personnage avant de faire le paysage. On en a la preuve avec le bout de la ligne qui est recouvert par l’arbre à gauche du tableau. Il a ensuite donné leur réalité aux masses : le ciel, les arbres et la rivière.
En l’espace de quelques mois, Bazille exécute et réussit plusieurs toiles d’inspirations très différentes : des diverses Fleurs à ses tableaux intitulés Jeune Femme aux pivoines, du Jeune Pécheur à la ligne, de l’Atelier de la rue La Condamine à Ruth et Booz, il prouve son éclectisme et parfois sa perfection. Jamais encore, il n’avait donné à son œuvre une telle dimension.