Fin d'un après midi d'été
1866-1867
Huile sur toile
59,5 x 51,5 cm - 23 7/16 x 20 1/4 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 09-05-2025
Référence : MSb-89
1866-1867
Huile sur toile
59,5 x 51,5 cm - 23 7/16 x 20 1/4 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 09-05-2025
Référence : MSb-89
Famille Leenhardt et Florence Doxat - Par succession leurs descendants Idelette Leenhardt et Alexandre Westphal - Collection particulière - Vente Paris-Drouot [Ader], 27 mai 2025, n° 4.
A notre connaissance, cette oeuvre n'a jamais été exposée
Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 89.
On ne peut guère sujet plus bazillien que cette jeune femme goûtant une fin d'après midi d'été dans un parc du midi languedocien. Posé sur sa robe, un livre ouvert sur ses genoux dont les pages qu'elle vient de lire laissent vagabonder ses pensées vers un ailleurs énigmatique. A moins que la tiédeur du moment incite à un assoupissement que son regard vague ou pensif ne saurait contredire.
Quant aux arbres, raides et droits comme filant vers le ciel, on les comparera à ceux de la Scène d'été et du Pêcheur à l'épervier, dont les feuillages s'épanouissent à la cime des arbres. Autant des signes évidents d'une végétation méditerranéenne.
La vie sociale et familiale de la communauté protestante montpelliéraine était alors intense. Ainsi se connaissaient, se fréquentaient et s'appréciaient les familles Bazille, Westphal, Leenhardt, Tissié, Castelnau, Vialars, Cazalis, Layrargues, Planchon... qu'unissait une même communauté de valeurs à travers la religion mais aussi l'économie, la politique, la culture, la vie sociale et associative jusqu'aux loisirs comme la chasse dont étaient adeptes Gaston Bazille et son fils Frédéric. C'est ainsi qu'André Gide la décrit dans Si le grain ne meurt : « Il y avait là des Westphal, des Bazille, des Leenhardt, des Castelnau, parents les uns des autres ». Dans sa thèse Michel-Maximilien Leenhardt : l'œuvre, reflet d'un milieu [Université de Toulouse le Mirail, 2019], Isabelle Laborie décrit avec pertinence ce milieu aux multiples facettes et intrications qui reposent sur de puissants liens familiaux. Elle souligne aussi que, pour de nombreux événements, ce monde se retrouvait dans les propriétés de Méric, Bionne, Fontfroide, Saint-Sauveur, le Mazet ainsi qu'à la Villa Louise, toutes à une encablure de Montpellier.
Daulte décrit ainsi la vie insouciante autour de Bazille : « Merveilleuses cousines ! Il y a quelques années encore, elles partageaient le grand parc les jeux et les rêves de Frédéric. Et maintenant, elles charment ses yeux... Elles errent dans la fraîcheur du matin ou la tiédeur du soir, libres et protégées à la fois sous les pins des terrasses, où les échos gardent leurs rires. Ou bien assises au pied d'un arbre préféré, celui qui leur ouvre le plus d'horizon et les couvre le plus, elles lisent, ou causent ou brodent » [Daulte, 1992, p. 58 ].
Selon la mémoire familiale, Fin d'un après midi d'été aurait été fait à la Villa Louise qui jouxte le domaine de Méric. On sait que les Westphal-Castelnau s'y établirent à plein temps en 1859 et, par mariages, des liens étroits l'unissent aux Bazille, Leenhardt et Westphal.
On ne peut avec certitudes reconnaître les traits de la femme de notre tableau. On relèvera néanmoins des similitudes avec certaines cousines qui figurent dans La Réunion de famille.
Mais encore, l'histoire familiale y verrait le portrait de Florence Doxat, épouse de René Leenhardt, cousin de Gaston Bazille, le père de Frédéric.
Selon des archives familiales, Florence Doxat fait un long séjour à la Villa Louise en été 1866. On soulignera que le tableau fait partie d'un inventaire où il est dûment désigné en 1929 comme appartenant à Florence Doxat habitant 7 rue Marceau à Montpellier. Il passera ensuite entre les mains de sa fille Idelette et restera dans la famille jusqu'à nos jours.
On remarquera ensuite des similitudes avec la grande ceinture rouge et le ruban rouge lui aussi sur la tête de la jeune fille qui figurent dans la Vue de village ainsi qu'avec Jeune femme cousant et La Brodeuse parmi les dessins de Bazille.
Par tous ces aspects historiques et esthétiques, nous ajoutons dorénavant Fin d'un après midi d'été au corpus de l'oeuvre de Bazille.